Nationalité : France
Genre : Film historique
Durée : 3h 40min
Date de sortie : 1927
Réalisateur : Abel Gance
Acteurs principaux : Albert Dieudonné, Antonin Artaud, Gina Manès
Napoléon, ou Napoléon vu par Abel Gance, est un film historique français écrit et réalisé par Abel Gance, sorti en 1927.
Étant l’un des derniers films muets sorti quelques mois avant l’apparition du cinéma parlant, ce film est considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma mondial. Acclamé à sa sortie en 1927, il a fait l’objet de plusieurs restaurations successives.
Après seize ans de travail de la Cinémathèque française, une restauration définitive réalisée sous la direction du réalisateur et chercheur Georges Mourier, rétablissant le montage de la "Grande Version" originelle, est présentée, pour sa première partie, en pré-ouverture du Festival de Cannes 2024.
Le film retrace le parcours de Bonaparte, de 1781 à Brienne jusqu’au 16 avril 1796 alors que vient de commencer la première campagne d’Italie.En présence de Costa-Gavras, président de la Cinémathèque française, et de Frédéric Bonnaud, directeur général.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
15 mai 2024
Sous l’égide de la Cinémathèque française et du CNC, la restauration de ce chef-d’œuvre du cinéma muet (d’une durée totale de 7 heures) constitue probablement l’une des entreprises de reconstruction les plus ambitieuses de l’histoire du septième art.
Sorti en 1927, révolutionnaire pour l’époque, film fleuve « mutilé » et remonté de multiples fois, le Napoléon d’Abel Gance est un film pharaonique. Projet démesuré à la hauteur de ce personnage historique, c’est seulement la première partie de 3h40 que nous découvrons en ouverture de Cannes Classics. Clairement patriotique, il y est martelé les principes de la Déclaration des Droits de l’Homme et les systèmes de référence républicains. Le cinéaste réussit à conjuguer les défis techniques et esthétiques du cinéma muet : réaliste, flamboyant, parfois provoquant, résolument pacifiste, et d’un onirisme assumé.
Outre l’ampleur de son sujet il est surprenant d’innovations techniques. Ce film porté par un souffle épique est truffé d’innovations visuelles et narratives. L’extraordinaire musique renforce l’esprit d’aventure du film qui met en valeur les exploits du général.
16 mai 2024
Un chef-d’œuvre absolu du patrimoine ! Différents épisodes emblématiques de la vie de Napoléon s’enchaînent comme autant de bijoux. Malheureusement, seulement la première moitié a été montrée. Film d’une esthétique expressionniste impressionnante, dans un noir et blanc parfois contrasté, parfois tout en nuances, mais dont certains passages sont soit discrètement coloriés (un coucher de soleil sur la mer), soit passés à travers des filtres : rouge sang pour la violence, sépia pour des scènes de Conseil, et un rose pâle très romantique pour les beaux paysages de Corse avec, en surpression, Napoléon chevauchant à travers son pays retrouvé. Surimpression récurrente aux côtés de juxtapositions ou de suites rapides d’images hachées. Les portraits en gros plan sur fond flou sont une merveille. La scène la plus marquante est un montage parallèle entre, Napoléon sur un rafiot de fortune sur une mer déchaînée, et le parlement en pleine terreur. La caméra épouse la houle de la mer pour filmer l’assemblée et, au final, le bateau pris dans les vagues, l’assemblée et les mouvements de guillotine se superposent dans un rythme effréné. C’est un Napoléon sûr de lui, doué d’une forte volonté et d’une aptitude à commander dès l’enfance, visionnaire et stratège né, tout comme lors d’une bataille de boules de neige à l’école ou lors du siège de Toulon.