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Pigen med nålen

La Jeune femme à l’aiguille / The girl with the needle
Compétition Officielle
Pigen Med Nalen

Nationalité : Danemark, Pologne, Suède
Genre : Drame, Historique
Durée : 1h 55min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Magnus von Horn
Acteurs principaux : Trine Dyrholm, Victoria Carmen Sonne, Besir Zeciri

Copenhague, 1918. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre Alors qu’elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d’adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

L’histoire se situe à Copenhague au lendemain de la guerre, un temps où les soldats reviennent abîmés, où la population affamée cherche du travail, où les classes sociales sont criantes. Le choix du noir et blanc, avec ses clairs-obscurs et sa grisaille, accentue le froid sur la ville et la rudesse de la vie quotidienne.
L’enchevêtrement des visages multiples nous évoque les tortures et les cris, les mutilations, les disparitions : dès les premières images, nous sommes glacés.
Nous assistons à une véritable descente aux enfers, sordide, pour cette jeune ouvrière Karolina, qui croit son mari mort, et qui enchaîne les déconvenues et les périls, avec résilience, son regard perdu ou absent. À travers elle, Magnus Von Hoorne choisit de nous parler d’histoires de femmes souvent courageuses, souvent très seules : celles dont les hommes ne se mêlent pas sauf quand il s’agit d’appliquer la justice.
Et l’aiguille, évoquée par le titre, en est l’outil, transperçant ou réparant les tissus et les corps ...
Magnifique Karolina, qui se trouve entraînée malgré elle ...


The girl with the needle est un film aux allures de conte, inspiré pourtant de faits réels qui avaient défrayé la chronique au Danemark. Il offre en toile de fond un tableau d’époque intéressant, celui d’une société sombre.
Karoline - dont nous suivons le point de vue de bout en bout - lutte pour retrouver une existence décente après la disparition de son mari à la guerre. Femme pauvre au cœur pur, habitée d’une rage de vivre, elle ne fera cependant pas toujours les bons choix ; passant notamment à côté d’une âme noble pour aller côtoyer le diable, qu’elle ne voit pas. « Choisis la vie » entend-on dans le livre du Deutéronome. Très bien … mais quel en est le chemin ? Karoline, incarnée par une actrice bouleversante, devra « recommencer sa vie » pas moins de trois fois, passant par des moments de grâce, de désespoir, de pardon et de rédemption.
Le film est servi par un scénario brillant, une pellicule noir et blanc d’une rare beauté, avec une caméra au plus près parfois, une musique tendue et grinçante.
C’est en définitive une superbe réflexion sur la condition humaine, un conte qui nous parle d’aujourd’hui : notre société a toujours ses indésirables, il y a ceux qui attirent sous des apparences trompeuses, ceux que l’on préfère éviter pour de mauvaises raisons. Et le réalisateur explique également « Je voulais explorer la question : est-il possible de rester bon dans l’enfer ? »


Du choix de la musique à celui du noir et blanc, en passant par une succession de visages déformés en gros plan, voilà nos sangs déjà glacés : ce qui n’est rien en regard de l’histoire terrifiante qui nous est contée. C’est donc avec appréhension que nous suivrons le destin de cette jeune femme, Karoline, dans le Copenhague de l’après-guerre.
A cette époque, la lutte des classes est encore plus flagrante dans ce contexte, d’où l’incompatibilité d’une union entre un aristocrate et Karoline issue du milieu ouvrier. Le froid, le brouillard et la pluie accompagneront la solitude et la détresse de cette protagoniste qui va de logements insalubres en masures, et passe d’une activité professionnelle à l’autre (confection, charbon) pour survivre. Elle est suivie par une caméra nerveuse qui fait la part belle au clair-obscur et à des cadrages surprenants. Mariée, amante, enceinte, elle participe à un trafic de nourrissons dont elle ne connaîtra les tenants et les aboutissants que plus tard.
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