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Everybody Loves Touda

Cannes Première
Everybody Loves Touda

Nationalité :France Maroc
Genre : Drame
Durée : 1h 42 min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Nabil Ayouch
Acteurs principaux : Nisrin Erradi, Joud Chamihy, Jalila Tlemsi

Touda rêve de devenir une Cheikha, une artiste traditionnelle marocaine, qui chante sans pudeur ni censure des textes de résistance, d’amour et d’émancipation, transmis depuis des générations. Se produisant tous les soirs dans les bars de sa petite ville de province sous le regard des hommes, Touda nourrit l’espoir d’un avenir meilleur pour elle et son fils. Maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel bonheur de retrouver Nisrin Erradi ! Nous l’avions admirée dans le film "Adam" - prix du jury œcuménique 2022.
Ici, la beauté du film tient essentiellement à la performance de l’actrice, rayonnante, charismatique, pugnace. Son personnage, Touda, a choisi d’être une Cheika, danseuse et chanteuse traditionnelle. Femme célibataire, au Maroc, elle est une proie facile pour les hommes et sa vie n’est pas sans danger.
Nous sommes, dès les premières images, entrainés par la musique et les danses orientales, par les lumières douces de la nuit et sa tenue chatoyante. Cette femme séduit et les hommes n’ont pas la part belle. Nisrin Erradi - Touda - emplit l’écran et nous livre toute son énergie, son courage, sa résilience, sa détermination. Sa liberté, elle la revendique dans les paroles de ses chansons et son amour, elle le réserve pour son fils, sourd et muet.

Changement de décor : en suivant son itinéraire, nous nous mettons nous aussi à rêver devant la beauté de Casablanca, où le réalisateur filme avec brio les quartiers pauvres de la ville, les rues bruyantes, la vie nocturne, ses boîtes et ses cabarets.

A travers le personnage de Touda, Nabyl Ayouch nous raconte d’abord les traditions ancestrales marocaines et nous dresse le portrait de femmes libres, qui ont su se tenir hors des codes sociaux.


Touda, chanteuse d’Aïta, un chant traditionnel de l’Atlas marocain, mère d’un petit garçon sourd-muet, ne voit de salut que dans son espoir de quitter le bled pour Casablanca. Elle espère y trouver une école adaptée à son fils, ainsi qu’argent et reconnaissance de son talent.
Le film retrace le parcours d’une femme forte qui pratique aussi bien l’Aïta que des variétés plus actuelles. Tour à tour rayonnante de joie dans l’expression de son art, mais aussi tendre avec son fils et prête à le défendre comme une lionne, elle ne se laisse jamais abattre et manifeste, face à l’adversité ; un caractère bien trempé. On la dirait née pour le succès, ce qui rend la conclusion du film particulièrement émouvante car c’est à l’accomplissement d’une fidélité à soi-même et à ses origines plutôt qu’à la réalisation d’un rêve plus superficiel qu’elle va finalement s’attacher. L’actrice, omniprésente, porte le film de bout en bout et crève littéralement l’écran. Le film suggère aussi, en filigrane, le mépris vis-à-vis du monde rural, pauvre et sans instruction mais qui fait vivre la richesse de son patrimoine. Musiques et costumes nous transportent dans un monde chatoyant et tout empreint d’une joyeuse sensualité.