Primary Menu

Julie Zwijgt

Julie Keeps Quiet
Semaine de la Critique
Julie Zwijgt

Nationalité : Belgique, Suède
Genre : Drame
Durée : 1h 37min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Leonardo Van Dijl
Acteurs principaux : Tessa Van den Broeck, Koen De Bouw, Claire Bodson

Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Leonardo Van Dijl nous présente un film d’une forte intensité mais tout en retenue et subtilité sur la question des abus sur mineurs dans le cadre des clubs sportifs. Après "Slalom" de Charlène Favier sur le ski, c’est le milieu du tennis belge qui est le contexte de ce fléau pernicieux des agressions et de l’emprise sur mineurs dans le sport. Il nous est donné de comprendre le long chemin de résilience et de libération de la parole qu’emprunte Julie, voulant garder le silence quand son entraineur est mis en cause dans une autre affaire. On découvre la complexité intérieure de l’adolescente, interprétée par Tessa Van den Broeck, avec un jeu d’actrice tout en retenue. Filmée souvent en gros plan, on a l’impression de lire sur son visage ses pensées et son débat intérieur, face à l’emprise psychologique et la manipulation mentale qu’exerce son coach. Il lui faudra du temps et une information extérieure pour qu’il y ait un déclic libérateur.
On accompagne Julie sur ce chemin, avec son entourage - constitué de sa famille, du club et de son lycée - qui l’entoure avec respect et affection. "Julie reste silencieuse" nous propulse de façon très parlante, dans le quotidien de la vie de cette lycéenne sportive, affrontée à l’indicible. Salutaire !


Le film débute sur un plan fixe, Julie à l’entraînement entre et sort du champ, avec en fond sonore la raquette qui tape la balle, et les bruits blancs du gymnase. Cette première séquence, sans rien nous dévoiler, laisse supposer qu’un mystère plane face auquel les jeunes athlètes parlent entre eux, mais Julie reste silencieuse, elle se tait.
Toute la première partie est centrée sur le silence de Julie, confrontée à un choix douloureux. Bien que l’administration ait mis en place des temps de parole, Julie s’y refuse, Julie ne parlera pas.
Le film laisse l’impression d’un malaise qui nous projette dans l’état intérieur de Julie. Son silence est tout sauf muet : il « éclate à chaque plan ». Le corps et la conscience de Julie ne parviennent pas encore à se matérialiser par la parole. Il y aura la nécessité de l’espace-temps du film pour un début de libération.
Julie Keeps Quiet analyse avec finesse et justesse les questions et les problèmes liés à l’abus, à la domination, à la manipulation « douce » et à l’emprise. Le scénario est habile et rigoureux.


En 2021, le film Slalom (Charlène Favier) était l’une des premières fictions à traiter de la question des violences sexuelles dans le monde du sport. Dans « Julie keep her calm », le réalisateur prend le parti de scruter l’une de ces victimes, jeune lycéenne et meilleure recrue d’un club de tennis wallon. Il fait écho à toutes les parties prenantes dans l’affaire : responsables du club, parents, professeurs, groupe d’amis.
Le génie de cette fiction réside dans l’utilisation de cadrages, de hors champ qui parlent à la place de ceux qui refusent de témoigner ou de regarder la réalité en face : puisque l’omerta est de rigueur, eh bien que la puissance des images fasse éclater la vérité des faits, davantage que les paroles !
Le regard du spectateur est ainsi convoqué : il aurait très envie de susurrer à Julie de répondre « Et tu m’as demandé si je voulais que tu commences ? », puis il fait face à l’aveu réitéré du coach soupçonné : « Mais quand tu me l’as demandé, j’ai arrêté non ? »