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Les Amitiés maléfiques

Semaine de la critique
Les amitiés maléfiques

Film : français.
Genre : Comédie dramatique.
Durée : 1h 40min.
Date de sortie : prochainement
Avec : Malik Zidi, Thibault Vincon, Alexandre Steiger
Réalisé par : Emmanuel Bourdieu

Au moment de choisir leur vie, Eloi et Alexandre tombent sous l’influence d’André. Celui-ci devient, tout à la fois, leur ami, leur directeur de conscience, leur imprésario, leur maître à penser.
Un jour, André disparaît...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Il s’agit d’une comédie, c’est à dire d’une oeuvre très sérieuse qui met en scène, ambitieusement mais brillamment, rien moins qu’un avatar moderne du Tartuffe de Molière sévissant à la Fac dans un amphi de littérature. André est un étudiant paresseux et sans talent suffisamment intelligent et manipulateur pour convaincre, en invoquant la tirade du "Misanthrope", ses camarades de renoncer à écrire puisqu’ils n’en ressentent pas le besoin irrépressible. Cette fable montre les ravages opérés par André dans la vie universitaire et sentimentale de ceux qu’il se flatte d’appeler ses"amis", par le moyen du mensonge,de l’intimidation, de l’usurpation de compétence, et même du vol. La description par le réalisateur, à travers un scénario inventif et efficace et d’excellents dialogues, de la croissance immodérée de ce goût de pouvoir d’André qui le conduira à accumuler impudemment les fautes qui précipiteront sa chute est magistrale. Ce crescendo dramatique est une spirale d’immoralité qui n’est pas sans évoquer le " Don Juan". Le plus souvent aux dépens des dupes d’André, le comique de mots et de situation irrigue un film dont les personnages très littéraires sont volontairement un peu décalés dans le temps voire "nouvelle vague". Comme il est d’usage dans ce type d’ouvrage, ce film de moraliste très réussi se termine de façon traditionnelle par la punition du méchant, du reste pas par ses amis décidément très indulgents mais, en une scène d’humiliation extrême, par la vie elle même.


"Ne vous fiez pas aux apparences", semble vouloir nous dire ce film d’Emmanuel Bourdieu. On est en milieu universitaire, parmi des étudiants en lettres, passionnés de littérature. Mais à quelle condition l’écriture est-elle justifiée ? Par ces temps de pléthore, de publications à tout va, la question est justifiée. Oui, il est bien vrai que l’écriture devrait procéder d’une nécessité intéireure et d’une capacité à lui donner forme. Ici, le plus brllant apparemment des étudiants, le plus sûr de lui, celui qui est prêt à entraîner tous les autres, à devenir leur maître, celui que le professeur même (Jacques Bonnafé) admire un moment, se révèle être tout différent de ce qu’il manifeste. Dans les relations amoureuses, même contraste. Le film valorise le vrai talent, le vrai travail, les réelles capacités intérieures. Ce n’est pas si fréquent. Et il bénéficie d’excellents interprètes, qui lui donne un bel accent de vérité.


Dans le film, une phrase revient de manière lancinante :"Certains écrivent, car ils n’ont pas le courage de ne pas le faire" ! Eh bien, je dois bien dire que je n’ai pas été convaincu par la "démonstration" de cette proposition digne d’un sujet de dissertation au bac !Tout tourne donc autour de la nécessité de l’écriture, quand elle est "authentique". Un personnage, André, va prendre le pouvoir sur ses camarades ... au nom de cette exigence.Mais voilà le ton et le langage littéraire et quelque peu démodé, la subtilité des comportements entre ces jeunes étudiants et étudiantes dégagent une sorte d’ennui... on se croirait transporté dans une pseudo adaptation d’un roman du XVIII éme siécle, vraiment déconnecté du réel de notre société contemporaine ! Pour ceux sensibles au charme suranné des salons littéraires. Mais tous les acteure jouent remarquablement (mention spéciale à Bonaffé)et le film est bien léché.