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Hope

Hope

Nationalité : Français
Genre : Drame
Durée : 1h31min
Réalisateur : Boris Lojkine
Acteur principaux :

Alors qu’il traverse le Sahara pour remonter vers l’Europe, Léonard, un jeune Camerounais, vient en aide à Hope, une Nigériane. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Un nouveau film sur les pauvres gens qui entreprennent des voyages périlleux dans l’espoir de gagner l’Europe où « il suffit d’ouvrir la bouche pour que la nourriture tombe dedans. » Le film ne montre pas ce qu’ils quittent, mais au vu de ce qu’ils sont prêts à endurer pour réaliser leur rêve, on devine.

Au cours de ce calvaire, les filles sont doublement menacées. Hope, la Nigérienne, est d’abord violée par les « soldats », mais Léonard, le Camerounais, ne veut pas l’abandonner dans le désert. « On ne peut pas laisser une fille dans le désert » dit-il à ses camarades qui, eux, suivent le passeur. Mais plus tard, au camp, après un simulacre de mariage dont il ne veut pas, il vend les charmes de Hope aux plus offrants parmi les autres fugitifs, puis à des clients en ville. Et pourtant, un amour s’installe entre les deux, tendre, touchant. Plusieurs fois il faut s’arracher par la violence des griffes de ceux qui essaient de tirer profit de la détresse de ces migrants.

Souvent ils ne savent plus où ils en sont. Et nous avec. Filmé souvent de près, avec une caméra qui bouge, qui plus est dans l’obscurité – tout est fait pour faire partager aux spectateurs cette angoisse, cette incertitude oppressante, de ne pas voir d’issue.

Lors de la traversée vers l’Espagne, Léonard décède des suites des blessures, Hope reste seule. On ne connaît pas la suite, il n’y a que son prénom pour garder l’espoir.


Encore un parcours d’émigrants vers l’Europe, dans un film d’une grande force remarquablement réalisé. Ici, l’accent est mis moins sur le rêve : "En Europe, les moustiques boivent du Coca-Cola et les cafard mangent des spaghettis" ou sur le besoin : "Je ne suis pas ici pour m’amuser, j’ai toute une famille qui compte sur moi" que sur la dureté du chemin à suivre. De l’entrée au Sahara sahélien à l’embarquement au Maroc, les migrants, rejetés par les populations qu’ils traversent et gibier pour les polices, sont contraints de passer par les intermédiaires autoproclamés qui les attendent aux étapes comme les araignées attendent les mouches.
Bien documenté, Lojkine nous fait découvrir ces pièges à migrants organisés par nationalités, et régis par des demi-fous mégalomanes de l’espèce qui dirige nombre d’Etats du monde : avidité, brutalité, impunité... Leur échapper n’est pas le moindre des défis du migrant.
Peu vraisemblable dans ce contexte, la bluette amoureuse entre les deux héros nous vaut cependant, comme à eux, quelques frais instants de répit, tandis que la sombre conclusion ne doit pas surprendre.