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Dohee-Ya

Un certain regard
Dohee-Ya

Nationalité : Sud-Coréen
Genre : Drame
Durée : 1h59min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : July Jung
Acteurs principaux : Sae-Ron Kim, Bae Doo-Na, Sae-byeok Song

Chef de la police locale, Young-Nam tente de protéger sa fille Do-Hee de la violence son beau-père. Elle est amenée à enquêter sur une affaire complexe qui pourrait menacer sa vie.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce premier long métrage de la coréenne July Jung est une très heureuse surprise, candidat légitime à une caméra d’or. Avec une courageuse ambition la réalisatrice s’attaque dans un scénario très convaincant à rien moins que la maltraitance infantile et l’homosexualité féminine en milieu policier ! D’autres maux de la société coréenne, - le dépeuplement rural et la question des migrants du sud-est asiatique notamment-, sont également évoqués. C’est en protégeant et en accueillant chez elle Dohee, une fillette battue par son beau-père alcoolique, que Young-Nam, policière de Séoul exilée dans un village côtier pour le non conformisme de sa vie intime, va faire l’expérience de la lâcheté et du conservatisme de son nouvel environnement. C’est avec beaucoup de délicatesse et de nuances qu’est décrite la relation forte qui va se nouer entre la policière et Dohee, grossièrement dénoncée comme pédophile par la rumeur publique. La réalisatrice excelle à faire percevoir ce qui peut alimenter l’ambivalence ressentie par son entourage des comportements affectifs d’une personne de même que la complexité et la fragilité des témoignages des enfants que la récente affaire d’Outreau nous a appris à passer au crible. La discrétion et la retenue des expressions du visage de Young-Nam, qui traverse la crise la plus grave de son existence, font de ce film dépourvu de tout pathos un très beau portrait de femme.


La barque est chargée : enfance maltraitée, homosexualité féminine, intolérance, ivrognerie, exploitation des clandestins, complicité policière, parole et mensonges des enfants... Dans un petit port de pêche aux poulpes, la frêle lieutenante de police, débarquée dans ce trou pour cause d’orientation sexuelle, prend sous son aile la gamine souffre-douleur de Park Yongha, braillard brutal et ivrogne qui fait au village la pluie et le beau temps. Suite aux accusations malveillantes de ce dernier, les réponses inventées par la gamine lors de l’enquête condamnent la policière, que d’autres brutalités de l’excité réhabiliteront plus tard.

Les deux personnages principaux, la lieutenante et la petite fille, forment un duo très subtilement dépeint, avec tout ce qu’une relation de protection affectueuse peut susciter d’ambiguïté. Mais les autres personnages sont des caricatures, la ’shérif’ évolue dans un far-west juridique invraisemblable, et la crédibilité qu’exigerait ce sujet difficile n’est pas au rendez-vous.


Il y a beaucoup de choses dans ce premier film du réalisateur, peut-être trop ! Les problèmes rencontrés par la jeune policière caractérisent sans doute la Corée du Sud, mais ils ne peuvent que toucher un public occidental :
la maltraitance des enfants, la pédophilie, l’alcoolisme, le rejet de l’homosexualité, la place de la femme dans un milieu à dominante masculine, l’exploitation des immigrés. Si la fin du film peut-être considérée comme un happy end, il reste quand même un doute sur la manière de traiter cette histoire. Il y a comme un "déjà vu". Est-ce la façon de jouer de la policière, ainsi que des flics du commissariat, et surtout du beau-père (qui semble en rajouter), mais on reste très en-dehors du récit. Tout est glacial, sans émotion. A certains égards, pour les besoins du scénario, la policière commet des erreurs et montre son incompétence dans sa façon de traiter le problème de la jeune Dohee. Elle l’abrite chez elle, on comprend. Tout se déroule de manière quasi-convenue : la policière va être accusée de séquestration et de pédophilie, et son homosexualité affichée n’arrange pas les choses. On peut considérer le film comme une critique acerbe de la société coréenne, pourquoi pas. En particulier la police n’a pas le beau rôle. Mais à trop vouloir montrer, on peut passer à côté d’une certaine réalité.