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Captives

Sélection officielle
Captives

Nationalité : Canadien
Genre : Thriller
Durée : 1h52min
Date de sortie : 1 Octobre 2014
Réalisateur : Atom Egoyan
Acteurs principaux : Ryan Reynolds, Scott Speedman, Rosario Dawson

8 ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublants semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Cassandra a disparu il y a 8 ans. Son absence déchire ses parents, entre douleur, reproches et culpabilité. Dans ce film au rythme souvent lent la confusion domine, policiers et parents tâtonnent. De même, le spectateur peine à rassembler les pièces du puzzle, tant le scénario procède par ellipses et retour en arrière multiples. Nous sommes comme ce père, petit poucet progressant dans la neige de sapin en sapin laissés comme autant d’indices par le ravisseur. Le froid n’est pas que météorologique car les écrans sont omniprésents, mettant la réalité à distance, glaçant les émotions. D’un côté un réseau pédophile particulièrement averti des technologies informatiques pour attirer les enfants. Des hommes regardent, des enfants aussi... De l’autre les policiers tentant de les traquer sur le net. Nous ne verrons jamais ces images-là, leur impact est d’autant plus fort. Que subissent vraiment les enfants victimes de ce réseau ? Quels sévices physiques, quelles tortures mentales ? Au bout du compte tous les personnages sont captifs dans cette histoire, prisonniers de leur passé. La perversité du ravisseur de Cassandra, véritable vampire voyeur se repaissant des émotions d’autrui, semble se répandre par contagion, le doute ronge. Comment imaginer en sortir indemne ?


Par un effet de cinéma, qui prend toutes les libertés avec le temps, l’histoire semble se dérouler sur quelques jours alors qu’il se passe huit ans entre la disparition de la jeune Cassandra et l’aboutissement de l’enquête. Cela donne l’impression du piétinement de l’action -ou plutôt de l’inaction- du père, de la mère, des inspecteurs-détectives. Il est vrai que les protagonistes se heurtent à une organisation très efficace dans le monde du Net (gestion d’un site pour pédophiles), où tous les moyens du numérique, de la vidéosurveillance et du crime sont mobilisés. La jeune fille kidnappée et enfermée est utilisée pour appâter de jeunes enfants, qui surfent sur le Net à l’insu de leurs parents, inconscients du danger et responsables des risques qu’ils courent. La profusion d’images sur des écrans d’ordinateur ou de télévision, la myriade de blogs, de sites cachés , que tentent d’analyser et d’interpréter des experts en tout genre, mettent le spectateur mal à l’aise devant une énorme conspiration. Le père est la figure la plus importante, car il incarne les sentiments de désarroi, d’impuissance et de culpabilité qui semblent irradier tout le film. Travaillé comme un vrai thriller, le réalisateur fait alterner des séquences de tension psychologique, -celle entre la belle inspectrice Nicole Dunlop et les deux hommes, Jeffrey et Matthew le père ; et, non des moindres, celle qui éclate au sein du couple parental - et des scènes d’action spectaculaire (la course poursuite sur la route enneigée). Le film fait ressortir des souvenirs enfouis et inavoués du passé des personnages, thématique essentielle de tous les films d’ Atom Egoyan.

Le suspense accentué par la musique omniprésente et envahissante ne nous permet pas toujours de prendre le recul nécessaire. Le vrai thème de ce film percutant n’est-il pas celui de la mémoire qui hante les êtres ?