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Mr.Turner

Sélection officielle
Mr Turner

Nationalité : Britannique
Genre : Biopic
Durée : 2h29min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Mike Leigh
Acteurs principaux : Timothy Spall, Roger Ashton-Griffiths, Jamie Thomas King

Les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Qui est vraiment Mr Turner, ce peintre dans la force de l’âge et apprécié en Angleterre ? Un ours mal léché, dont les comportements et les grognements sont à la limite de la bestialité. Un visionnaire, curieux de toutes les nouveautés scientifiques et technologiques qui vont changer le monde. Un précurseur, ouvrant la voie aux impressionnistes et à l’abstraction, capable aussi d’imaginer nos musées où l’art est peu ou prou visible par tous. Une âme sensible cachant ses failles, pouvant donner le meilleur à qui sait l’apprivoiser. Un amoureux de la beauté qui se dérobe sans cesse... Autant de touches sur la palette avec laquelle Mike Leigh peint la complexité de son personnage. Chaque scène du film est composée comme un tableau, scènes d’intérieur, splendides paysages marins que nous sommes invités à contempler. Où se cache la création ? semble se demander le médecin scrutant l’oeil du grand peintre. Qu’est-ce que l’art ? s’interroge Mike Leigh. Et on ne sait plus si la question porte sur la peinture, le cinéma, ou l’art de vivre, tout simplement.


En rupture apparente avec toute sa filmographie précédente, Mike Leigh aurait il simplement sacrifié à la mode du biopic en relatant les 25 dernières années de JMW Turner, peintre magique et inspiré de marines ? Cette rupture n’est qu’apparente car, malgré une narration de facture classique, il met en scène toutes les facettes contrastées d’une personnalité à la fois fascinante et rebutante:vieil ours rugueux et grondeur presque risible, le peintre reste le touchant petit garçon affectueux d’un père qu’il adore et qu’il a recruté comme assistant ; harcelé par sa femme et ses filles qu’il a abandonnées, cet amateur de sexe trouvera tardivement la tendresse d’une veuve attentionnée. Comme à son accoutumée le réalisateur excelle à dépeindre la richesse et l’épaisseur des relations interpersonnelles, et, dans ce film, du tissu social du XIXème anglais qui porte le peintre. Enfin l’adéquation du traitement de la lumière et des couleurs du film à la palette de Turner est éclatante.