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La vie d’Adèle

Sélection Officielle
Compétition officielle
La vie d'Adèle - Chapitre 1 et 2

Nationalité : Français
Genre : Comédie Dramatique
Durée : 2h59min
Date de sortie : 9 Octobre 2012
Réalisateur : Abdellatif Kechiche
Acteurs principaux : Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Jérémie Laheurte

A 15 ans, Adèle a deux certitudes : elle est une fille, et une fille, ça sort avec des garçons. Le jour où elle aperçoit le bleu des cheveux d’Emma sur la grand’place, elle sent que sa vie va changer. Seule face à ses questions d’adolescente, elle transforme son regard sur soi et le regard des autres sur elle. Dans son amour fusionnel avec Emma, elle s’accomplit en tant que femme, en tant qu’adulte. Mais Adèle ne sait pas faire la paix, ni avec ses parents, ni avec ce monde plein de morales absurdes, ni avec elle-même.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

On est frappé par la succession de gros plans, qui cadrent tous les personnages, Adèle, ses copains de classe, le professeur (mais plus souvent en plan moyen). Un procédé qui pourrait être fastidieux à la longue... Mais non, ce n’est pas ennuyeux, ni systématique. La proximité unique avec les personnages, exceptionnelle à tous égards, et la longueur (trois heures) inhabituelle (et perturbante pour les accros des files d’attente) n’est pas un problème. Le casting est génial, mais on peut imaginer que Kechiche a pris quelques risques. Calculés, bien sûr, chez cet immense cinéaste, qui nous épate de film en film. Les dithyrambes fusent sur La Croisette, le film est "palmable", à juste titre. Ce qu’on peut dire, à ce stade de la compétition, c’est le rare trouble, mais aussi l’étrange sensation que procure ce film, véritable chant d’amour, qui remet à leur place tous les détracteurs homophobes. Sur grand écran, deux corps fusionnent et arrivent aux extrémités de notre monde terrestre, pour entrevoir un autre monde, plus vaste, plus exaltant. Un grand bonheur de cinéma.


Film superbe, fait pour surprendre et faire bouger les lignes, et bien équipé pour cela. Adèle, lycéenne - un milieu que Kechiche aime bien dépeindre - tombe en un coup d’œil et à sa propre surprise (jusque là, c’étaient les garçons) amoureuse de Emma, une lesbienne à cheveux bleus avec qui elle développe une passion réciproque qui les rend très heureuses. Une scène de sexe entre elles, inhabituellement longue et explicite pour un film non pornographique, affirme aux spectateurs qu’une telle relation en vaut bien d’autres, et n’a rien à cacher. Les attitudes des parents ou des amis couvrent toute la gamme prévisible, de qui se réjouit pour elles à qui ne pourra jamais comprendre, et elles gèrent sans militance leur relation aux straights. Enfin se font jour les piques de la jalousie, et s’ensuit une rupture dont Adèle, qui se sent injustement jugée, souffrira beaucoup.

Le film comporte, autre tic de Kechiche, de nombreuses références littéraires ou artistiques, à la limite de la pédanterie, mais qui sont là aussi pour enraciner cette histoire d’amour (banale en fin de compte) dans une continuité culturelle revendiquée : continuité qui désormais incorpore aussi les apports de l’immigration arabe, semés ci et là au fil du récit et de ses personnages.

Rebuté un temps par les intentions trop évidentes de ce film politiquement correct, j’ai été ensuite emballé par une réalisation impeccablement efficace et par la qualité d’interprétation de l’héroïne - Adèle Exarchopoulos, éblouissante.