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Amour

Sélection Officielle
Amour

Pays : France
Genre : Drame
Durée : 2h06
Date de sortie :24 Octobre 2012
Acteurs principaux : Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, William Shimell
Réalisateur : Michael Haneke

Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Voici d’ores et déjà un des grands films de ce Festival. Avec une grande dignité et la maîtrise éblouissante qu’on lui connaît, aidé par des interprètes de premier plan, Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, Michaël Haneke aborde des questions de plus en plus présentes dans nos sociétés : le vieillissement, la grande dépendance, l’approche de la mort. Il le fait de manière déchirante et mesurée, sans aucun des excès qu’on trouvait parfois dans ses premiers films. Et il le fait dans un contexte où la musique, le plus spirituel de tous les arts, est constamment au premier plan. Dans ce vieux couple, tous deux ont été professeurs de musique, on les voit au début dans un concert au Théâtre des Champs Elysées, leur ancien élève devenu soliste spécialiste de Schubert leur rend visite. Mais lorsque survient la grande dépendance, que peut encore la musique ? « Arrête le disque ! » demande Emmanuelle Riva à son mari. Puis, en regardant les photos de leur jeunesse : « C’est beau ! – Quoi donc ? La vie, la longue vie ! ». Mais jusqu’où la vie vaut-elle d’être vécue ? Michaël Haneke pose aussi la question qui divise. Ce n’est pas le rôle des artistes d’y répondre, mais elle est portée ici avec hauteur de vue et dignité.


Michael Haneke a du courage : s’attaquer à des thème absolument démodés : la souffrance "ordinaire" de la vieillesse, et puis un couple qui vit ensemble depuis – presque – toujours. Ce qui est à la mode, ce sont les couples déchirés, les familles décomposées et recomposées. Et pourtant, il existe encore quelques dinosaures qui résistent.

Comment font-ils quand le malheur les frappent ? Pas de grand discours, mais une tendresse à toute épreuve. Il faut du courage aux acteurs d’incarner des rôles comme cela ! Le film rappelle les deux derniers d’Andreas Dresen, Wolke neun qui traitait de la sexualité des personnes âgées, et Halt auf freier Strecke qui retraçait la lente dégradation d’un homme atteint d’une tumeur au cerveau. Haneke relie les deux – la sexualité en moins – mais avec la même attention aux personnes, la même intensité, la même authenticité. L’histoire se situe en France, à Paris, ce qui nous change de la Prusse du Ruban blanc. La pudeur et la retenue dans l’expression des sentiments sont les mêmes. Un grand moment d’émotion.

Père Jacques le Fur