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Elle s’appelle Sabine

Quinzaine des Réalisateurs
Elle s'appelle Sabine

Film Français
Genre : Documentaire
Durée : 1:25
Date de Sortie : 30 jnvier 2008
Avec : Sandrine Bonnaire
Réalisateur : Sandrine Bonnaire

Au travers d’archives personnelles recueillies durant 25 ans, Sandrine Bonnaire livre un portrait de sa soeur Sabine, autiste de 38 ans.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel contraste entre hier et aujourd’hui ! plus exactement entre avant et après. Avant, Sabine est "joyeuse, rieuse, pleine de vitalité" ; après, le contraire : une personne aux "facultés très altérées". Avant ou après quoi ? Cinq ans d’internement en hopital psychiatrique . Mais cela, c’est une autre question. Le sujet du film est Sabine ; Sabine sujet. Sujet à vif : "tu n’es pas une pute, tu es ma soeur ; tu n’es pas une salope, tu es ma soeur". Et sa soeur, Sandrine Bonnaire, derrière la caméra nous fait entrer dans le vif du sujet. Il y aurait beaucoup à dire, il y a beaucoup à voir sachant que de la pesanteur obscure, les images nous transportent dans un invisible et un indicible. Ce n’est pas du cinéma ! Une mention "qualité" pour les éducateurs : ils portent et accompagnent les existences de ces personnes non en se substituant mais en devançant pour leur permettre de libérer et retrouver ce qui a été enfoui ou perdu.
Film d’une simplicité et d’une vérité exceptionnelle .


Soeur la plus proche de Sabine, -diagnostiquée bien tardivement comme psychose infantile avec traits autistiques-, Sandrine Bonnaire fait oeuvre d’amour et de militance pour dénoncer la pénurie des prises en charges des jeunes adultes autistes et les séquelles chez eux des neuroleptiques. La mise en scène fait souplement alterner les épisodes de la vie quotidienne de Sabine en centre spécialisé, après sa sortie de 5 ans d’hôpital psychiatrique, et des documents des archives personnelles de la réalisatrice, images distanciées et poètiques qui évoquent avec gräce et nostalgie le bonheur des premières années d’avant l’internement. Elle donne ainsi à voir l’angoisse de séparation de Sabine, la patience et la générosité des soignants et la culpabilisation des parents. Elle soulève avec finesse et pertinence des questions fondamentales : la découverte toujours possible d’un domaine d’autonomie de ces jeunes autistes et l’ampleur des effets secondaires physiques et mentaux des médicaments rendus trop souvent nécessaires par les accès de violence des patients. La posture du spectateur est enfin délibérément questionnée dans le cadre d’une véritable éthique cinématographique : sans jamais le rendre voyeur de cette souffrance, l’auteur le dissuade de tout apitoiement au profit de la tentative de rencontre de chacune de ces personnes dans sa subjectivité altérée.