Primary Menu

Armand

Un certain regard
Armand

Nationalité : Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Suède
Genre : Drame
Durée : 1h 56min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Halfdan Ullmann Tøndel
Acteurs principaux : Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen, Thea Lambrechts Vaulen

Lorsqu’un incident se produit à l’école, les parents des jeunes Armand et Jon sont convoqués par la direction. Mais tout le monde a du mal à expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Les récits des enfants s’opposent, les points de vue s’affrontent, jusqu’à faire trembler les certitudes des adultes…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Tout part de ce que le jeune Jon aurait rapporté à ses parents, sur des actes commis par Armand, sans confrontation des deux enfants, et hors leur présence dans les débats. Malgré les exhortations à la neutralité et à la discrétion du chef d’établissement, qui lui-même subit une forte pression de la part des parents de Jon, fuite et rumeurs vont bon train. La situation part en vrille. Des doutes sont émis sur le rôle d’Elisabeth (mère d’Armand) dans la mort récente de son mari, comédienne renommée. Vite soupçonnée de jouer la comédie et qui vit mal l’opprobre quasi général … Sans preuve ni même faits établis, il est question progressivement de signalement à la protection de l’enfance et de déclaration à la police. Les mensonges proférés par jalousie ou malveillance, finiront par être levés, laissant des traces indélébiles.
Halfdan Ullmann Tondel, nous invite ici à mesurer les conséquences de nos actes et de nos paroles, à nous attacher aux faits avec impartialité, sans jugements hâtifs et à ne pas prêter notre voix aux rumeurs.
Le scénario, bien construit, fait écho en particulier aux dérives potentielles d’un principe de précaution dans le domaine de la protection de l’enfance, à manier avec prudence, tant les conséquences peuvent être lourdes. Soulignons l’époustouflante prestation de Renate Reinsve (Elisabeth), tant dans le registre des émotions que des scènes de chorégraphie, ainsi que la créativité de la mise en scène.
Le réalisateur nous offre avec cette fine étude de mœurs, un très beau film.


Dehors, une pluie diluvienne. Dès les premiers instants, la vitesse vertigineuse de la voiture, et l’agitation de la jeune femme qui en sort, nous traduisent la tension palpable.
Dans un dialogue très écrit, nous assistons à la confrontation de trois personnages principaux : l’institutrice Sunna et les deux mères Sarah et Lise. L’incident qui s’est produit est peut-être grave. il existe pour ce genre de situations des procédures .
La musique et le cadrage exceptionnel au sein de l’école accentue la dramaturgie de ce huis-clos : chic en extérieur mais dégradé à intérieur : longs couloirs, photos de classe, sirène déréglée, salles obscures, plongée sur l’escalier que l’on emprunte comme une descente aux enfers : car il s’agit bien de cela. Le spectateur mal à l’aise est coincé dans ce lieu étouffant et anxiogène ou le temps s’étire.
Très lentement, subtilement, nous plaçons les pièces du puzzle. Le réalisateur Halfdan Ullman Tondel ausculte, scrute jusqu’à l’intime. jusqu’aux débordements. Jusqu’à ce que la pluie diluvienne puisse laver.
Ce jeune réalisateur décidément nous livre une œuvre magistrale.


Les relations humaines peuvent être délétères et violentes. Comment peut-on croire que des enfants de 6 ans puissent connaître le langage de la sexualité, si ce n’est par des adultes qui le leur ont soufflé ? Les parents de Jon et Armand font partie de la même famille. Le père d’Armand, qui s’est suicidé, était le frère de Sarah, mère de Jon. Celle-ci blâme Elisabeth, sa belle-sœur. La confrontation des trois parents va amener la direction de l’école à proposer des arrangements. Mais un malaise s’installe. En dehors des photos de classe, les enfants sont invisibles. La vérité vue par les enfants est tue. Des scènes et des détails vont modifier petit à petit la situation. Elisabeth, une artiste fragile, a un comportement jugé excessif. Elle sera entraînée et bousculée par des parents d’élève. Dans la lumière froide d’une salle de classe, la vérité éclate. Les mensonges, l’hypocrisie et les manipulations seront lavés par une pluie d’orage. Dès le début, le spectateur est baladé dans l’école, dans des couloirs sans fin, résonnant des bruits de pas, une école en plein délabrement.