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On Becoming a Guinea Fowl

Un certain regard
On becoming a Guinea Fowl

Nationalité : Irlande, Grande-Bretagne, Zambie
Genre : Drame
Durée : 1h 35min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Rungano Nyoni
Acteurs principaux : Elizabeth Chisela, Susan Chardy, Henry B.J. Phiri

Sur une route déserte au beau milieu de la nuit, Shula tombe sur la dépouille de son oncle. Alors que des funérailles se préparent, Shula et ses cousines mettent en lumière les secrets enfouis de leur famille de la classe moyenne zambienne. Dans ce film surréaliste et vibrant, la cinéaste Rungano Nyoni sonde les mensonges que nous nous racontons à nous-mêmes.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce long-métrage sombre se passe en Zambie dans une société africaine patriarcale. C’est à travers les yeux de Shula, une jeune femme moderne, que l’on découvre les funérailles de son oncle mort sur la route. La découverte de la perversité de cet homme qui a abusé sexuellement de plusieurs filles de la famille doit être cachée. Cette complicité non-dite et hypocrite des ainés de la famille ne peut être acceptée par ces jeunes femmes encore traumatisées. L’une a sombré dans la dépression, une autre dans l’alcool. Shula a des flashbacks lui rappelant ce qu’elle a subi. Les femmes des différentes générations ne réagissent pas de la même façon. Le patriarcat toujours présent, est accepté par tous. Lors du conseil de famille, on assiste à un véritable duel entre la famille de l’oncle et celle de sa femme. Qui aura le dernier mot ? La pintade du titre fait référence à un dessin animé éducatif. Elle vit en groupe et prévient du danger ses congénères par ses caquètements comme dans une fable africaine. En utilisant le sens de l’esthétique et une atmosphère surréaliste et mystérieuse, la réalisatrice joue entre modernité et tradition et explore la culture africaine.


C’est une affaire de famille qui nous transporte en Zambie – et ce n’est pas le moindre intérêt de ce film - dans une ambiance étrange, à la fois onirique, comique et dramatique car disons-le tout de suite il s’agit d’inceste.
L’oncle Fred laisse manifestement des casseroles derrière lui. Fréquentait-il un bordel ? Buvait-il trop ? Dans cette société patriarcale ce sont les femmes qui mènent la danse et transmettent l’injonction au silence. Les hommes préfèrent ne pas se mouiller... En auraient-ils sur la conscience ? Nous ne saurons pas.
La mise en scène et le scénario multiplient les contrastes, entre deux familles que tout oppose, entre les femmes mûres et les jeunes, entre les comportements dictés par la tradition et la raison. La dernière séquence est magistrale. La famille et la belle-famille échangent leurs condoléances dans une réunion des familles, se demandent pardon mutuellement. Mais un peu de respect s’il vous plaît, les funérailles ne sont pas le moment pour dire les douleurs passées !!!
Les jeunes femmes en souffrance, emmenées par Shula, parviendront-elles à casser ce silence mortifère ?


"En devenant une pintade" nous offre une grande plongée dans une famille africaine élargie, où le mystère et les non-dits s’éclaircissent peu à peu sous nos yeux.
Shula, jeune trentenaire de la bourgeoisie zambienne, découvre de nuit sur une route déserte le corps de son oncle. Petit à petit, ses tantes et ses cousines prennent le dessus et lui font l’injonction d’être au cœur des préparatifs des funérailles, alors qu’elle souhaitait se situer en retrait. C’est une plongée dans un deuil familial, avec une omniprésence des femmes, démonstratives et envahissantes. En dehors du cercle, la veuve se trouve être un véritable bouc émissaire sur qui la responsabilité du décès est rejetée. Les hommes sont les grands absents, uniquement là pour se faire servir et juger de la répartition des biens du défunt !
Shula navigue avec recul et retenue et, grâce à un dialogue avec chacun, met à jour les lourds secrets autour de son Oncle Fred. Elle est envahie par les flashbacks d’une émission pour enfants dans laquelle l’animal fétiche, la pintade, alerte les autres animaux des dangers par ses criaillements. D’où le titre du film qui suggère, enfin, une libération de la parole en cette période #Metoo, également en Afrique.