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Ma vie ma gueule

Quinzaine des Cinéastes
Ma vie ma gueule

Nationalité : France
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h 39min
Date de sortie : 18 septembre 2024
Réalisateur : Sophie Fillières
Acteurs principaux : Agnès Jaoui, Philippe Katerine, Édouard Sulpice

Ce film est présenté en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Barberie Bichette, qu’on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd’hui, c’est noir, c’est violent, c’est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C’était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le titre même du film intrigue, attire et laisse entendre que l’on va suivre quelqu’un en particulier. Compte-tenu du décès de la réalisatrice après le tournage (le montage ayant été assuré par ses enfants), le film fait figure d’autoportrait. Agnès Jaoui incarne en profondeur cette femme qui essaie d’aller bien. Les regards, le soin apporté aux vêtements, à la coiffure portent le jeu de l’actrice. Mme Bichette est devenue bien seule, sa poésie reste appréciée, elle est pleine de répartie. Tout simplement, elle cherche à être heureuse malgré les gouffres de souffrance qui l’habitent. Et les dialogues (elle parle beaucoup avec elle-même) sont savoureux, précis, sur le sens de la vie, de la mort (combien de douches reste-t-il avant de mourir ?). C’est bien la joie de vivre qui transparaît, même si la partie centrale du film nous fait penser à la maladie psychique - la raison s’échappe, la mémoire défaille, ... - et pourtant elle va se retrouver ... de manière insolite.
L’humour est aussi présent dans la manière de nommer les 3 parties du film, "Pif", "Paf" et "Youkou". Et les seules notes de musique en fin de film en font une scène touchante.


Quel titre étonnant, voire intriguant ? La réalisatrice explique que l’idée du titre du film et sa structure en trois parties s’est faite grâce à trois mots : Pif, Paf, et Youkou ! et cela comme un élan, un envol. La crise de la cinquantaine d’une femme en trois actes : une comédie, une tragédie, une épiphanie.
Par sa structure particulière, ce long-métrage fonctionne par blocs et non à travers un mouvement unifié. Il est mené tambour battant, avec des ruptures de ton et des dialogues amusants, savoureux, voire funambules qui ont toujours fait la marque de fabrique du cinéma d’ Hélène Fillières (la réalisatrice étant décédée pendant le tournage, le montage a été assuré par ses enfants et ses proches). La cinéaste nous laisse cet autoportrait aussi exquis qu’intime, auquel Agnès Jaoui donne sa fugue, sa drôlerie, sa vigueur mais aussi sa fragilité.
A travers elle, surtout, et les autres personnages nous goûtons à la joie de vivre malgré la maladie psychique, nous réfléchissons au sens de la vie, de la mort, à notre rapport aux autres.