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Àma Gloria

Semaine de la Critique
Àma Gloria

Nationalité : France, Cap Vert
Genre : Drame
Durée : 1h23
Date de sortie : 16 mai 2023
Réalisateur : Marie Amachoukeli
Acteurs principaux : Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego

Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse : la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Un film très sensible filmé à hauteur d’enfant. Il s’ouvre sur une séquence de dessin animé : des pieds d’enfant dans l’eau au bord de la mer et au fond un volcan qui crache du feu. Ce type de dessins très stylisés va ponctuer le récit, exprimant les sentiments de la petite fille, Cléo, six ans, entre souvenirs, rêves et cauchemars. Le jeu de la petite actrice est époustouflant, la caméra en capte tous les émois au plus près. Un court gros plan sur son petit pied débordant de la couverture pendant son sommeil signe la profondeur de la tendresse de la caméra. L’apprentissage de la vie avec l’aide de l’amour de sa nounou Gloria conduit Cléo sur le chemin douloureux de l’acceptation de la perte de son statut d’unique centre du monde, finement amené. La dernière scène ouvre son entrée dans le monde de ‘grande fille’.


Difficile pari que de traiter un sujet déjà porté maintes fois sur le écrans : celui de l’attachement entre un enfant et un adulte. Et on peut dire que le pari est réussi et tient beaucoup au jeu des acteurs, naturellement authentiques.
Subtilement, c’est à travers le prisme des lunettes de Cléo, lumineuse petite fille de six ans, que la réalisatrice Maria Amachoukeli nous invite à entrer dans le monde qui est le sien avec la présence indéfectible de sa merveilleuse nounou Gloria. Gloria est originaire du Cap-Vert, et son prénom est déjà lumineux en soi. Le cadrage et les gros plans nous dévoilent combien l’enfant a soif d’attention, d’écoute, d’exclusivité et combien avec délicatesse, douceur, justesse, Gloria lui offre le cadre rassurant et aimant – avec cet air d’exotisme qui lui vient du Cap-Vert – et qui rendra la séparation inévitable tellement difficile.
L’itinéraire de Gloria avec sa famille du Cap-Vert et la place qu’y tient Cléo, nous questionnent sur la construction de la maternité et de la famille, sur ce qui permet qu’on nomme une personne ’amour’, sur la déchirure de la séparation.
Ce film est admirable également sur le plan de la photographie, la caméra change de décor : le temps d’un été, nous quittons la grisaille de la banlieue française pour retrouver la vie de famille au Cap-Vert, l’intérieur exigu des maisons, les ruelles où jouent les enfants, les petits ports de pêche et les grands espaces côtiers.
Un vrai bol d’air.


Àma comme « nounou », mais aussi comme « elle aime » en portugais. Avec une grande délicatesse Marie Amachoukeli concentre sa réalisation sur les instants de tendresse, de désolation, de joie vécus par nos deux protagonistes. Avec des plans serrés sur les deux personnages principaux, la caméra en format 4/3 saisit les émotions de près et nous touche au cœur.
D’un côté l’âme d’enfant, aimante mais fragile, capable de jalousie et des idées les plus noires lorsqu’il faut se confronter à l’altérité, à la vraie vie. Mais c’est ainsi qu’elle grandit.
De l’autre Gloria, tellement sensible, chaleureuse et digne dans l’épreuve. Incarnation de l’âme cap-verdienne sans doute. Àma Gloria est aussi un voyage au Cap-Vert, pas celui des plages mais à la découverte de ce qui anime ce pays de pêcheurs, pauvres mais joyeux, habités d’une foi simple et communicante.
Ce film au scénario épuré est doux, c’est une belle réflexion sur la maternité et l’âme d’enfant.